COMMENT NETTOYER LE DESSUS DES RAILS

ET LES ROUES DE LOCOMOTIVES ?

    J’ai expliqué depuis longtemps ma méthode à qui voulait l’entendre. Elle n’a pas été rapportée, on nous rabâche toujours les mauvaises…
    J’affirme que les produits gras (exemple : white-spirit) sont à bannir. Non seulement ils agglomèrent la poussière pour en faire une croûte de crasse isolante sur les roues, mais ils transforment les anneaux d’adhérence des roues motrices en limaces collantes et distendues.
     Les produits à base d’alcool – très souvent conseillés à tort – sont également à bannir, car l’alcool « cuit » la matière des anneaux d’adhérence, qui perdent toute élasticité, et deviennent vite fendillés et/ou boursouflés.
     Ce n’est pas un modéliste qui me l’avait fait constater dans les années 70, mais un spécialiste en matériel hi-fi (« Centre Technique du Son » à Besançon). Il s’agissait du même problème, sur les cabestans de platines-cassettes, faits de la même matière. Il m’avait vivement conseillé d’utiliser de l’essence « C » (le détachant pour vêtements, comme « L’eau écarlate », c’est la même chose). « Achetez-en une bouteille d’un litre, et vous en aurez pour la vie, m’avait-il dit. Ce produit élimine toutes traces de gras et n’attaque absolument pas le « caoutchouc » des cabestans »

Un litre d’essence «C» durera  « toute la vie ».

     C’est donc ce que je fais depuis lorsque le besoin s’en fait sentir. La méthode ne peut pas être mauvaise, car elle fut adoptée avec bonheur par nos clubs (MJC Dole et C.F.F.C.) et appliquée lors des nombreuses expositions avec le réseau modulaire « gare de Dole ».
     D’abord, on frotte le dessus des rails « à sec » avec un petit coupon de papier abrasif noir pour carrosserie automobile (grain 400), du bout des doigts. En frottant « en long » on ne fait pas de rayure, et au contraire, la surface des rails - qui comporte souvent à l’origine des vaguelettes (à peine visibles) dues à l’usinage des profilés - devient à la longue plus lisse et régulière.

L’abrasif grain 400 pour carrosserie automobile. Un coupon de 3 cm par 4 cm suffit.

 

Tenir le coupon avec deux doigts, frotter en long.

 
Observer la différence sur la surface du dessus des rails, avant et après.

Les éventuels résidus de gras et de poussière métallique sont ensuite éliminés par plusieurs passages d’un wagon-citerne rempli d’essence C, équipé d’un patin de feutre et d’un goutte à goutte pour l’imbiber en continu.
     Lorsqu’une trace noire apparaît sur la surface de roulement des roues (due le plus souvent aux micro-amorçages du contact électrique), on les nettoie avec une petite brosse métallique circulaire, montée sur une mini-perçeuse.

Pour brosser la surface de roulement des roues, utiliser cet outil.

Pour cela, on loge la loco à l’envers, au creux d’un bloc de mousse par exemple. Il faut alimenter le moteur de la loco pour faire tourner les roues motrices à nettoyer. On fait tourner la mini-perçeuse à vitesse maximum, mais ne faire qu’effleurer les roues pour ne pas risquer de marquer le métal de leur surface de roulement.

Effleurer seulement la surface, la mini-perceuse tournant très vite.

On nettoie les anneaux d’adhérence (les roues toujours tournantes) avec un petit coupon de chiffon imbibé d’essence « C ».

Faire tourner les roues motrices, et « laver » les anneaux d’adhérence avec un petit coupon de tissu imbibé.

 
Aspect d’un anneau d’adhérence qui a été nettoyé avec un produit à base d’alcool.
 
Aspect d’un anneau d’adhérence qui a été nettoyé avec de l’essence C.

       Il faut faire attention à ne pas provoquer d’étincelle par un mauvais contact électrique sur les roues ou un court-circuit, car on risque alors d’enflammer le chiffon. C’est pour ça qu’il faut préparer un petit coupon. Au cas où ça arrive, le risque de « foutre le feu à la baraque » est bien moindre qu’avec « un drap ». De même, il est idéal – à l’occasion d’un démontage de la loco – de placer sous le châssis une paire de raccords-tulipe reliés aux polarités du moteur (Bernard Ciry nous le rappelle régulièrement dans RMF). Ils permettent justement un branchement électrique fiable pour alimenter le moteur lors du nettoyage des roues.
     Avant de terminer au sujet du nettoyage des rails, voulez-vous savoir comment s’y prenaient « Les Jouef » ? Et bien, c’est Paul Trouvé – concepteur entre autres des machines à fabriquer les rails - qui me l’a montré : ses collègues et lui-même avaient toujours dans leur poche un petit morceau de bakélite dans laquelle était incluse de la poudre métallique. Avant de tester un modèle, ils frottaient « à sec ». le dessus des rails de la « piste ». Cela suffisait à éliminer les éventuelles traces de gras, et avait pour effet de mettre le métal du dessus des rails « à vif ». Paul m’en a offert un bout qui lui restait. J’ai bien sûr essayé, et ça marche.

Je ne me séparerais pour rien au monde de ce petit morceau de bakélite d’un centimètre sur deux, relique de la glorieuse époque de Jouef.

    Inutile de vous dire combien ce présent m’est cher ! Je conserve religieusement ce talisman scellant  notre amitié.

 Eric Seibel – juillet 2012