141 P 245 Jouef, made in Jura

 

     Des années qu’elle était « en morceaux » dans mes tiroirs. Il y a quelques mois, un ami m’a fait don de l’essieu moteur, la pièce indispensable qui me manquait. Plus d’excuse, il me fallait retrousser les manches.
     Voici, à partir du modèle Jouef 141 P 282 de 1998, ma P 245 qui dorénavant me rappellera sur Sainte-Piste la vraie machine lorsque enfant je la voyais souvent à Dole, arriver devant le convoi quotidien de porte-autos GEFCO, ou repartir vers l’Est avec un long train de wagons couverts (voir la rubrique « Eric Seibel, qui c’est ? »)
     Elle apparaît en photo couleur, sur la couverture même d’un hors-série de la revue « Le Train », et l’on voit aussi le premier TA 52 de la rame qu’elle remorque. Une aubaine pour notre documentation, à l’époque où ces fameux wagons vont être enfin disponibles en modèles de séries « industrielles » (annoncés par l’ami Martin Klinger, MAKETTE MODELLE).
"Je viens d'apprendre la confirmation de l'entente de Martin avec HERIS, qui va finalement faire fabriquer et commercialiser ces wagons... Quel feuilleton à rebondissements !"
     La 141 P 245 réelle fut livrée le 25 décembre 1948 au dépôt de Noisy le Sec (K-DO de Noël ?) Mutée au dépôt d’Île-Napoléon (Mulhouse) le 3 janvier 1958, puis à Belfort le 6 juin 1960. C’est au cours de cette affectation qu’elle venait régulièrement à Dole, jusqu’au 1er juillet 1968 lorsqu’elle rejoignit son dernier dépôt d’attache : Chaumont. En ce début d’année 1969, elle était la dernière 141 P en service à la SNCF. Encore utilisée sur la ligne 4 entre Chaumont et Belfort, son dernier feu fut jeté le 25 février suite à une avarie. Sa radiation intervint le 29 mai 1969…  
                                          Eric Seibel – février 2017

Deux 141 P Belfortaines en relais au dépôt de Dole parmi les 141 R et la dernière « Mikado PLM » doloise en 1965.

 

Entre les « R », une 141 P en feu remisée sur les voies découvertes du parc, au dépôt de Dole en 1968. Avec ses tampons blancs, cette machine peut très bien être la P 245…

 
C'EST PARTI ...
Avant peinture, le côté droit de mon modèle.
Le côté gauche…

…et vu de dessus. Seuls les écrans ne sont pas posés, je les peindrai auparavant (extérieur et intérieur), ce sera plus commode.

Préparation des écrans (Réf. M.T. ec 07). La main courante est un fil de maillechort dressé Diam. 0. 4 mm (L’Octant), passé dans des supports courts (M.T. Réf. div 96).

Elimination par grattage du marquage central d’origine (141 P 282), puis pose des décalcomanies (Réf. D 003) sur la plaque rouge de la traverse avant.

A l’arrière du tender, pose de tampons unifiés à plateaux rectangulaires (M.T. Réf. T 04). Afin qu’ils soient positionnés à la bonne hauteur et solidement ancrés, j’ai choisi de « planter » les phares (M.T. Réf. fan 04) dans des trous percés verticalement sur la traverse arrière (une goutte de cyano et ça tient très bien).

A l’avant, pose de marchepieds en laiton (M.T. Réf. march 07), et d’un micro-connecteur (M.T. Réf. fan 13) pour la liaison électrique d’avec la locomotive.

Sur la caisse du tender, j’ai posé un réservoir-doseur TIA central (M.T. Réf. div 33b), car les machines réelles des dépôts Est n’en avaient pas deux comme sur le modèle Jouef d’origine.
Les échelles et les tringles de commande des trappes de soute à eau proviennent d'une plaque M.T. Réf. div 28.

Bien que la voie sur mon décor soit exempte de rampes, j’ajoute un lest en plomb de 100 grammes, ce qui augmentera l’adhérence du tender-moteur, tout en formant un beau chargement de « Pattes de moineaux » (appellation locale du criblé à stoker).

Peinture du lest de tender et des écrans pare-fumée (intérieur et extérieur).

Pose de la plaque d’inscriptions sur la traverse avant, puis des tampons, attelage (M.T. Réf. att 01) et demi-accouplement de frein  (M.T. Réf. att 02), éléments préalablement peints en noir mat. Sur la porte de boîte à fumée, j’ai remplacé le macaron SNCF d’origine par une Réf. M.T. div 99 et le petit volant par une pièce prise sur la brochette Réf. vol 10. Ces pièces étant en bronze, j’ai pu évoquer l’aspect « métal poli » des vraies, en posant une goutte de peinture puis en grattant les contours pour mettre le métal « à vif ».

Les écrans peuvent maintenant être fixés par quelques gouttes de cyano. Par la suite, percer la paroi de la boîte à fumée en se servant des trous dans les écrans comme guides, et coller des sections de fil maillechort dressé (Diamètre 0,5 mm).

A l’avant de la loco, avant de les poser j’ai percé les phares (M.T. Réf. fan 04). A présent, je les équipe de micro-LED pour les rendre fonctionnels. Les fils dont ces LED sont pourvues partent vers l’arrière en passant dans le châssis.

A l’arrière, j’ai percé un trou rectangulaire dans le tablier pour introduire dans la boîte à feu :
 - les fils de liaisons électriques (raccordement de l’éclairage avec les     palpeurs   de courant des roues et du micro-connecteur de l’arrière : Réf.     M.T. fan 13)
 -  la résistance (15 k-ohms) et la diode anti-retour pour protéger les LED
 -  un condensateur de mille micro-farads pour empêcher le clignotement des     LED et maintenir longtemps leur allumage à l’arrêt.

De toutes les locos vapeur Jouef anciennes, le bissel avant était le plus sujet à déraillements. Hélas, cet élément n’a pas été amélioré à la refonte du modèle en 1998. Il est donc fortement conseillé de le remplacer par le bissel en laiton massif M.T. Réf. div 07.

Bien que le problème ne se pose que rarement au bissel arrière, je prends la précaution de le lester par ajout d’un plomb pour les sacs postaux (ou bien en forme d’ogive, que l’on trouve dans tous les supermarchés au rayon articles de pêche).

Remplacement des soupapes « Coale » par la Réf. M.T. soup 07, et du sifflet (M.T. Réf. sif 01).

Côté gauche, pose d’un graisseur mécanique M.T. Réf. pomp 18. On peut aussi poser un graisseur Bosch LHA à gauche (c’était le cas sur certaines machines réelles, y’a eu les deux…).

Toujours côté gauche, pose de la prise de l’enregistreur Flaman (Réf. M.T. C 12) et du volant Réf. vol 05.

Côté droit, pose d’un graisseur mécanique Bosch (M.T. Réf. pomp 12), très visible sur la P 245 réelle. J’ai évoqué avec du fil maillechort Diam. 0. 4 mm les petites biellettes qui dans la réalité prennent le mouvement sur la coulisse.

J’ai posé une poignée sur le dôme de sablière (fil Diam. 0. 3 mm).

Toujours côté droit, pose de l’injecteur (M.T. Réf. inj 01). De part et d’autre de l’abri, j’ai refait les mains courantes en fil maillechort Diam. 0. 4 mm.
Il ne manque plus que les plaques d'immatriculation que je devrais recevoir bientôt.

Retouches de peinture noir mat sur les accessoires posés et les embiellages.
Pose d’une équipe de conduite, belfortaine !
Retouches de peinture sur les éléments du châssis de tender.
Pose des décalcomanies à l’arrière de la caisse du tender.
Assemblage caisse sur châssis du tender.
Un beau chargement de « pattes de moineaux », charbon véritable, écrasé en poudre.

Accouplement machine-tender et raccordement électrique par micro-connecteur M.T. Réf. fan 13.

 
LA 141 P 245 SUR LA "SAINTE PISTE"

« La majorité des convois remorqués par une 141 P jusqu’à Dole étaient les trains de porte-autos GEFCO »

Avant de rentrer au dépôt, passage sur la fosse à piquer.
Parmi les 141 R « Sud-Est », des « P » et des « R » de Mulhouse et Belfort…
La P 245 - dernière en activité – côtoie d’autres machines « au tas ».
« Elle repartait vers l’Est en tête d’un long convoi de wagons couverts… »
A PROPOS DES WAGONS PORTE-AUTOS TA 52

      En 1997, j’avais envisagé de me construire une rame complète de TA 52 « GEFCO » telle que je les voyais tous les jours en gare de Dole. Je m’en suis construit un, en utilisant les 2 planchers en plastique d’un wagon Jouef à bogies (qui n’a pas existé en réalité), une superstructure en profilés laiton soudés, et des éléments de wagon plat Roco tels que boîtes d’essieux, timons d’attelages à élongation et tampons.
     Le courage m’a manqué pour en faire d’autres. D’autre part, le prix des « bagnoles » - 22 francs la 403 – freinait mon élan. Cependant je suis toujours ravi, 20 ans après, d’utiliser mon TA 52 dans un convoi « RA » de l’époque 3, il ne me fait pas rougir.
     Avec cette histoire de « petite Pépé » qui fait remonter mes vieux souvenirs, je clôture cette rubrique par un petit complément, puisque les 141 P belfortaines et les TA 52 GEFCO sont intimement liés : voici quelques documents, collectés et préparés avant ma construction, qui pourront peut-être vous rendre service…

De longues rames étaient préparées sur le réseau des usines Peugeot avec des locotracteurs de l’entreprise.

     Le prototype du wagon porte-autos à double plancher a été construit en 1950 par les ateliers SNCF de Villeneuve à partir d’un châssis de « 3 pattes », revenu d’Allemagne sans caisse. L’essieu médian a été supprimé. Sa numérotation a été HZ  5  7.098817 en 1950. Monsieur Georges Mathieu me conseillait : « Je vous signale pour mémoire que jusqu’en 1956 les wagons SNCF portaient un système chiffre en tête de leur N° de série. Les chiffres 1, 2 et la suite correspondaient à des wagons d’origine étrangère en particulier d’origine allemande qui étaient encore numérotés dans leur ancien réseau. Le chiffre 7 a été apposé sur les wagons SNCF ou ex-étrangers re-numérotés afin de les différencier de ceux qui ne l’étaient pas et qui auraient pu posséder un numéro identique. Le parc étant entièrement re-numéroté en 1956, ce chiffre 7 a été supprimé. Ne pas confondre avec le chiffre 5 apposé dans les années 60 sur les wagons P sortant de construction, ex. : HZ  5  500225. La tranche 500001 à 599999 étant entièrement utilisée, une nouvelle tranche fut créée à partir de 5500001 »
Le wagon prototype a ensuite été immatriculé HZ 5 98817 puis HZ 5  598817. La série des wagons HZ a été construite par la SNAV à Vénissieux à partir de 1953.
          Les propriétaires des wagons TA 52 étaient la S.T.V.A. et G.E.F.C.O. Les wagons de cette dernière société portaient de chaque côté une grande tôle avec l’inscription GEFCO et à côté les 5 agences : La Garenne, Montbéliard, Marseille, Lille, Lyon. Sur la tôle du bas, à côté des inscriptions et numérotations SNCF, figurait l’adresse :
G.E.F.C.O. (ou TRANSPORTS & PARTICIPATIONS) 7bis, boulevard National La Garenne-Colombes, ou bien : INDENOR ou encore SIBELE 29, rue de Berri, Paris-8°. Dans tous les cas était inscrit au-dessous GARE D’ATTACHE : MONTBELIARD.

TA 52 GEFCO chargés de 203 et de 403. Les GEFCO n’avaient pas d’échelle sur un côté comme ceux de la STVA. Ceux-là portent la raison sociale « SIBELE ».

Ces wagons reçurent deux appellations particulières par les cheminots, comme c’était souvent le cas : les « étagères » et les « courants d’air ». La deuxième m’est plus « parlante », me rappelant le récit de Robert Genou, ancien mécanicien puis conducteur au dépôt de Dole : « Par jours de grand vent qui s’engouffrait là-dedans, je peux te dire qu’avec une 8100 on était à la limite de puissance, tellement ça freinait le convoi. Faut pas oublier non plus qu’avec 300 « bagnoles » chargées là-dessus, « monter Blaisy » c’était pas gagné ! »
    Les « bagnoles », elles étaient protégées par une couche de paraffine, pour éviter d’abîmer leur peinture avec les escarbilles des locos vapeur. J’avais bien remarqué que lorsque ce n’était pas une « P » mais une « R » qui tractait le convoi de Sochaux à Dole, plusieurs wagons plats chargés de caisses étaient placés derrière la machine. C’est que les 141 R, à simple expansion, « escarbillaient » beaucoup !

 

PLANS ET INSCRIPTIONS DU WAGONS PORTE-AUTOS TA 52 RÉALISÉ PAR ERIC SEIBEL EN 1997.